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Les fusils fantômes

[English Version]

 

La définition historique

L’expression “arme à feu fantôme” est la dernière expression à la mode utilisée par les défenseurs américains du “contrôle des armes à feu” et les politiciens qui les représentent, mais qu’est-ce que cela signifie réellement ?

Casper the Gun-Friendly GhostPour répondre correctement à cette question, il faut faire une brève incursion dans l’histoire de l’enregistrement des armes à feu au Canada.

En 1934, cinq ans avant la naissance de Casper, le gentil fantôme, le Canada a mis en place l’enregistrement des armes de poing à l’aide d’un système appelé Système d’enregistrement des armes à autorisation restreinte (SEAAR).

Le RWRS était un registre sur papier qui, au fil des décennies, est devenu si truffé d’erreurs qu’une estimation gouvernementale de 2001 indiquait que 52 % de toutes les armes à feu enregistrées dans le RWRS n’existaient pas réellement.

Il s’agit d'”armes fantômes”, c’est-à-dire d’armes à feu pour lesquelles il existe un certificat d’enregistrement lié à un propriétaire spécifique, mais il se peut que ce dernier ne possède plus l’arme à feu parce qu’elle a été légalement transférée à un nouveau propriétaire ou exportée vers un autre pays.

Cela peut aussi signifier que plusieurs enregistrements existent pour la même arme – il peut y avoir littéralement des dizaines d’enregistrements d'”armes fantômes” pour une seule arme de poing.

La seule façon de savoir avec certitude si un enregistrement d’arme de poing est valide est d’envoyer un agent de police à chaque adresse où une arme à feu à autorisation restreinte spécifique (arme de poing) a été enregistrée dans le système RWRS et de voir où se trouve réellement l’arme de poing.

Cette opération est d’un coût prohibitif et constitue un gaspillage épouvantable de ressources policières déjà limitées, de sorte qu’elle n’a pratiquement jamais été réalisée.

Pour couvrir le fiasco des armes fantômes et tenter d’obtenir un registre précis du nombre d’armes de poing à autorisation restreinte existant au Canada, les libéraux de Jean Chrétien ont adopté le projet de loi C-68 – maintenant connu sous le nom de Loi sur les armes à feu – qui exigeait que chaque arme à feu précédemment enregistrée dans le système défectueux du SEAAR soit réenregistrée dans leur tout nouveau système numérique d’enregistrement des armes à feu.

Ce tableau du Centre canadien des armes à feu montre le résultat du retrait de ces ” armes fantômes ” du nouveau registre des armes à feu des libéraux[i].

Restricted and Prohibited Firearms 1978-2004

Notez la chute massive des armes à feu à autorisation restreinte/interdite en 2002 et 2003. Une fois le système RWRS mis en veilleuse, ils ont cessé de compter toutes ces armes à feu inexistantes.

Pour ajouter aux problèmes du ” nouveau ” registre des armes à feu, le gouvernement libéral de l’époque était tellement obsédé par le traitement des demandes d’enregistrement qu’il a enregistré des séchoirs à cheveux, des pistolets à souder et une foule d’autres appareils et outils ménagers comme armes à feu à autorisation restreinte – avec certificat d’enregistrement.

C’est ainsi que le problème de l’enregistrement des ” armes fantômes ” perdure jusqu’à ce jour.

 

La définition actuelle

La définition la plus récente d’une ” arme fantôme ” est une arme à feu fabriquée à partir d’une ébauche de récepteur ou d’un récepteur à 80 % (lorsque l’ébauche nécessite encore 20 % de l’usinage nécessaire pour la rendre fonctionnelle).

En juin 2017, la GRC a publié un avis selon lequel toutes les ébauches de récepteur à 80 % étaient désormais classées comme armes à feu à autorisation restreinte ou prohibées[ii].

Les ébauches de récepteur sont des armes à feu au sens de l’article 2 du Code criminel pour les raisons suivantes :

    1. Une ébauche de récepteur est un récepteur presque complet d’une arme à feu et est visé par la clause d’adaptabilité de la définition d’arme à feu.
    2. La fabrication d’une ébauche de récepteur a progressé à un point tel qu’elle n’est plus utile à d’autres fins que le récepteur d’une arme à feu ; les ébauches de récepteur sont uniquement destinées à être des récepteurs d’armes à feu.

Il est important de noter que ce travail de finition nécessite un équipement et une formation spécialisés afin de transformer l’une de ces ébauches de récepteur à 80 % en une arme à feu fonctionnelle, de sorte que ces ” armes fantômes ” sont rares au Canada.

De plus, l’article 99 du Code criminel stipule qu’il est illégal de fabriquer une arme à feu sans le permis approprié du gouvernement[iii].

La question du récepteur vierge à 80 % est pertinente dans le débat américain sur les armes à feu en raison des protections du deuxième amendement que la Constitution américaine accorde à ses citoyens, et c’est là que vous verrez souvent le débat sur les ” armes fantômes ” soulevé.

Si vous voyez des politiciens canadiens idiots utiliser cette nouvelle expression à la mode, par exemple lors des prochaines élections tant attendues, vous pouvez parier votre dernier dollar qu’ils cherchent à obtenir des voix sur une question dont ils ne savent rien.

 

 

 

Sources:

[i] https://www.justice.gc.ca/eng/rp-pr/csj-sjc/crime/rr06_2/rr06_2.pdf

[ii] https://web.archive.org/web/20170615192245/http://www.rcmp-grc.gc.ca/cfp-pcaf/pol-leg/receiver-carcasse-eng.htm

[iii] https://laws-lois.justice.gc.ca/eng/acts/C-46/page-23.html#docCont

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